Lecture : La Fileuse d'argent, de Naomi Novik


 Myriem, fille de prêteur, a grandi en voyant son père dilapider leur argent, sans jamais être capable de réclamer le retour de son dû. Jusqu'au jour où sa mère tombe malade, et où Myriem, se faisant froide comme la glace, parcourt le village pour récupérer l'argent - et les intérêts - dûs à sa famille. Elle reprend les comptes de son père et se fait rapidement une réputation, au point qu'on dise d'elle qu'elle sait changer l'argent en Or.

Mais lorsque cela arrive aux oreilles du roi des Staryk, un clan mystérieux qui vient avec l'hiver piller tout l'or qu'il trouve, Myriem se voit contrainte de relever ses défis, toujours plus insensés, et se retrouve malgré elle entraînée dans une lutte de pouvoir...

L'univers slave, médiéval, teinté de mystère et de magie, n'est jamais précisé et n'en a pas besoin. C'est à travers ses paysages, et surtout ses personnages que le roman prend vie, et nous plonge dans ce monde hivernal pour réinventer le conte de la fille du meunier, qui selon son père change la paille en or.

Ici la magie est bien plus subtile, car c'est avant tout par sa compétence et sa force de caractère que Myriem acquiert cette réputation. Elle croisera également le chemin de Wanda, jeune femme obstinée, décidée à fuir un père violent sans se résoudre à abandonner ses frères, et de Irina, jeune femme de la noblesse que son père met dans les bras du Tsar, et qui va exploiter tout son savoir faire politique pour s'extraire de l'infuence de ses deux hommes et créer son propre chemin. Trois femmes à la volonté inébranlable, qui par des chemins détournés vont se croiser et parfois s'allier pour se rebeller contre un destin qui semble tout tracé.

L'écriture est fluide, pointue, le conte souvent cruel, mais on est hypnotisé par ce récit à trois voix qui ne cesse de nous surprendre, rebondissant au moment où l'on pense avoir saisi son fil... Un très beau texte, ciselé comme une dentelle de givre, qui nous emmène dans une univers à la fois proche et lointain, celui des contes.

Une chronique d'Audrey S.